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HUITIÈME PROVINCIALE 155

et 1 pendant que j’en considerois les pernicieuses consequences, le Pere me preparoit une autre question, et me dit : Respondez donc une autrefois avec plus de circonspection 2. Je vous demande maintenant. Un homme qui se mesle de deviner, est-il obligé de rendre l’argent quil a gaigné par cet exercice 3  ? Ce qu’il vous plaira, mon Reverend Pere; luy dis-je. Comment, ce qui me plaira ? Vrayment vous estes admirable ! Il semble de la façon que vous parlez, que la verité depende de nostre volonté. Je voy bien que vous ne trouveriez jamais celle-cy de vous mesme . Voyez donc resoudre cette difficulté là à Sanchez; mais aussi c’est Sanchez. Premierement il distingue en sa Som. l. 2. c. 38. n. 94. 95 4. et 96. Si ce devin ne s’est servi que de l’astrologie et des autres moiens naturels; ou s’il a emploié l’art diabolique. Car il dit qu’il est obligé de restituer en un cas, et non pas en l’autre. 5 Diriez vous bien maintenant auquel ? Il n’y a pas là de difficulté luy dis-je. Je voy bien repliqua-t’il, ce que vous voulez dire. Vous croyez qu’il doit restituer au cas qu’il se soit servi de l’entremise des demons ? Mais vous n’y entendez rien. C’est tout au contraire. Voicy la resolution de Sanchez au mesme lieu : Si ce devin n’a 6 pas pris la peine et le soin de sçavoir par le moien du diable ce qui ne se pouvoit

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1. P. [cependant].

2. W. place cette phrase après la question qui suit.

3. W. ne met pas cette phrase en caractères italiques.

4. W. 94-95., manque. — Cf. ces textes de Sanchez, supra p. 182.

5. A2. [Direz].

6. B. pas, manque.