Page:Œuvres de Blaise Pascal, V.djvu/168

Cette page n’a pas encore été corrigée

152 ŒUVRES

pouvoir de disposer de leur bien. Vous direz peut-estre que celuy qui reçoit de l’argent pour un meschant coup, peche, et qu ainsi il ne peut ny le prendre ny le retenir ; mais je respons qu’apres que la chose est executée, il n’y a plus aucun peché ny à payer ny à en recevoir le payement. Nostre grand Filiutius entre plus encore dans le détail de la prattique. Car il marque 1 qu’on est obligé en conscience de payer differemment les actions de cette sorte, selon les differentes conditions des personnes qui les commettent; et que les unes valent plus que les autres. C’est ce qu’il establit sur 2 de solides raisons au tr. 31. c. 9. n. 231, Occultæ fornicariæ debetur pretium in conscientiâ et multò majore ratione quàm publicæ. Copia enim quam occulta facit mulier sui corporis, multò plus valet quàm ea quàm publica facit meretrix ; nec ulla est lex positiva quse reddat eam incapacem pretii. Idem dicendum de pretio promisso Virgini, conjugatæ, Moniali, et cuicunque alii. Est enim omnium eadem ratio.

Il me fît voir ensuite dans ses Auteurs des choses de cette nature si infames 3 que je n’oserois les raporter, et dont il auroit eü horreur luy mesme (car il est bon homme) sans le respect qu’il a pour ses Peres, qui luy fait recevoir avec veneration tout ce qui vient de leur part. Je me taisois cependant, moins par le dessein de l’engager à continuer cette

______________________________________________________________

1. P. [encore].

2. PB. [des]. — Cf. le texte de Filliucci, supra p. 131 sq.

3. Allusion aux discussions de Molina sur l’occulta fornicatio.