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116 ŒUVRES

d’écrire de cet Autheur, qui sur des matieres de Theologie, de Morale, de cas de conscience, et de salut, ne se sert que d’un style railleur, et bouffon, indigne, je ne dis pas d’un Theologien, ou d’un Ecclesiastique, mais mesme d’un Chrestien, qui ne doit pas traiter en gausseur et farceur les choses saintes : il s’appelle, comme le font tous ceux de sa Secte, disciple de saint Augustin ; qu’il me trouve un endroit dans les écrits de ce grand personnage, où il prenne celuy de railleur, et de bouffon : C’est l’esprit heretique, qui n’a rien de sérieux, sinon la rage, et la fureur, si toutefois ces cruelles eassions meritent ce nom : c’est l’esprit de l’impie, et du blasphemateur, duquel il est parlé dans Job, imitaris linguam blasphemantium, tu parles comme un blasphemateur ; l’original porte, irrisorum, tu as la langue des mocqueurs : aussi est-ce une espece de blaspheme, que de traiter les choses saintes en raillerie : c’est ainsi que les Demons s’efforcent par leurs railleries, d’éluder la force des exorcismes, disant des paroles de bouffonneries, pour inciter la populace à un ris dissolu, l’ennemy de la devotion, et la ruine de la religion : Mais c’est tout l’avantage de ce mauvais Ecrivain, qui n’ayant ny solidité, ny science, ny verité, a eu recours à son fort, qui est la bouffonnerie, qui seule a donné cours à son ouvrage, dont il n’a pas esté avare, le distribuant pour rien à plusieurs, aux dépens de tout le parti, et des aumosnes du Jansenisme : Mais le Sage nous advertit du traitement qu’il faut faire à semblables esprits, et écrits, aux Proverb. 22. Ejice derisorem. Chassez et éloignez de vous le mocqueur et le bouffon, il ne merite que le mespris, et de sa personne, et de son ouvrage, mais parce qu’il est Janseniste, il le faut chasser avec horreur, puisque tout Janseniste est Heretique.

En sixième lieu, que l’on considere le mauvais raisonnement de ce malicieux Ecrivain, qui souvent attribue à tout le Corps des Jesuites, ce qu’aucun d’eux n’aura dit, ou ce qui aura échapé à un seul de leur Compagnie, quoy que les autres ayent écrit le contraire : qui a jamais veu que d’un particulier, l’on concluë l’universel?... Si cet Autheur avoit un