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DISCOURS SUR LA CONDITION DES GRANDS

« Ce sont ces trois défauts que M. Paschal avoit en veüe lors qu’il fit en diverses rencontres ces trois discours que nous rapporterons icy. »

Nicole déclare que les amis de Pascal ont clé surpris de ne pas trouver sur ce sujet de nombreuses Pensées, et pourtant dans le manuscrit de Pascal plusieurs fragments se rapportent à cette question ; quelques-uns même ont visiblement été écrits en vue de ces conférences. On peut signaler en particulier les fragments 304 et 305, 310 et 310 bis, 312, 314, 315, 319, 320 et 320 bis, 332, 333, 335, 336 (cf. T. II, pp. 227 et suiv.). La plupart d’ailleurs ne se trouvent pas dans l’édition princeps de 1670 ; peut-être est-ce pour cette raison que, la même année, Nicole, désireux de compléter le recueil de Pascal, a reproduit de mémoire ces discours, où les pensées de l’auteur liées et développées ne pouvaient prêter à des interprétations fâcheuses. Pour plus de prudence, Nicole reprend, explique et discute quelques-unes d’entre elles dans son Traité de la grandeur ({{rom|ire partie, ch. 4 et 5).

Bossut a émis l’opinion, tout à fait inacceptable, que ces discours auraient été tenus au duc de Rouannez, né en 1629. Havet a très justement conjecturé qu’il s’agissait du fils aîné du duc de Luynes, le futur duc de Chevreuse. Né en octobre 1646, il avait été confié par son père aux Messieurs de Port-Royal ; Lancelot était, en 1659 et en 1660, son précepteur. C’est pour lui que fut composé à cette date le petit traité qui devint ensuite la Logique de Port-Royal (vide supra p. 237) ; dans la préface de ce livre il est représenté comme « un jeune Seigneur qui dans un âge peu avancé, faisoit paroistre beaucoup de solidité et de penetration d’esprit » ; plus loin on ajoute que « son esprit étoit tout-à-fait extraordinaire dans toutes les choses qui dépendent de l’intelligence ». Saint-Simon, dans ses Mémoires (édition A. de Boislisle, T. XXIII, p. 182), confirme ces indications : « Né avec beaucoup d’esprit naturel, d’agrement dans l’esprit, de goût pour l’application, et de facilité pour le travail et pour toutes sortes de sciences, une justesse d’expression sans recherche et qui cou-