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DE L'ART DE PERSUADER 287

parmy celles qui luy sont propres, il ne s'ensuit pas de là qu'ils ayent entré dans l'esprit de la géométrie; et je seray bien esloigné, s'ils n'en donnent pas d'autres marques que de l'avoir dit en passant, de les mettre en parallèle avec cette science, qui apprend la véritable méthode de conduire la raison. Mais je seray au contraire bien disposé à les en exclure, et presque sans retour. Car de l'avoir dit en passant, sans avoir pris garde que tout est renfermé là dedans, et au lieu de suivre ces lumières, s'égarer à perte de veuë après des recherches inutiles, pour courir à ce que celles là offrent et qu'elles ne peuvent donner, c'est véritablement monstrer qu'on n'est gueres clair- voyant, et bien plus que si l'on avoit manqué de les suivre parce qu'on ne les avoit pas aperceues. La méthode de ne point errer est recherchée de tout le monde. Les logiciens font profession d'y conduire, les géomètres seuls y arrivent, et, hors de leur science et de ce qui l'imite, il n'y a point de véri- tables démonstrations . Tout l'art en est renfermé dans les seuls préceptes que nous avons dits : ils suffisent seuls, ils prouvent seuls ; toutes les autres règles sont inutiles ou nuisibles. Voilà ce que je sçay par une longue expérience de toutes sortes de livres et de personnes. Et sur cela je fais le mesme jugement de ceux qui disent que les géomètres ne leur don- nent rien de nouveau parées règles, parce qu'ils les avoient en effet, mais confondues parmy une multi- tude d'autres inutiles ou fausses dont ils ne pouvoient pas les discerner, que de ceux qui, cherchant un dia-

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