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278 OEUVRES

La raison de cette méthode est évidente, puis qu'il seroit inutile de proposer ce qu'on veut prou- ver et d'en entreprendre la démonstration, si on n'avoit défini clairement tous les termes qui ne sont pas intelligibles ; et qu'il faut de mesme que la démonstration soit précédée de la demande des prin- cipes evidens qui y sont nécessaires, car si l'on n'as- seure le fondement on ne peut asseurer l'édifice ; et qu'il faut enfin en demonstrant substituer menta- lement les définitions à la place des définis, puisque autrement on pourroit abuser des divers sens qui se rencontrent dans les termes. Il est facile de voir qu'en observant cette méthode on est seur de convaincre, puisque, les termes estant tous entendus et parfaitement exempts d'équivoques par les défini- tions et les principes estant accordez, si dans la démonstration on substitue toujours mentalement les définitions à la place des définis, la force invin- cible des conséquences ne peut manquer d'avoir tout son effet.

Aussy jamais une démonstration dans laquelle ces circonstances sont gardées n'a pu recevoir le moindre doute : et jamais celles où elles manquent ne peuvent avoir de forcée II importe donc bien de les comprendre et de les posséder, et c'est pour quoy,

��I . Cf. Roberval : « On ne recevra aucune preuve ou démonstra- tion, si elle n'est fondée sur des veritez connues des auparavant la preuve ou démonstration qu'on veut faire. Cette règle demeurera inviolable, et où elle manqueroit, il n'y auroit rien de prouvé » (loc. cit. p. 238).

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