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INTRODUCTION LXIX

qui étaient prêtres, étaient alors dispersés et cachés, et par là ils échappaient également à la nécessité de signer ; c’était leur force de ne pas constituer une communauté, sujette d’une autorité régulière ; et c’était aussi la raison de l’hostilité qui s’acharnait contre eux : « Le Pape, écrit Pascal dans ses notes intimes, hait et craint les sçavans qui ne luy sont pas soumis par vœu 1 . » Mais il restait les religieuses de Port-Royal-des-Champs et de Port-Royal de Paris ; leur refus de signature pouvait entraîner la ruine de l’Ordre du Saint-Sacrement. D’autre part une signature pure et simple, qui n’aurait pas restreint à la question de droit la déclaration de soumission, constituait un désaveu des docteurs qu’elles suivaient comme leurs maîtres dans la vie religieuse ; il impliquait aussi un risque de mensonge, puisqu’on leur demandait d’affirmer un fait qu’elles n’avaient ni la possibilité ni le droit de vérifier par elles-mêmes. Tous ceux qui formaient le conseil spirituel de Port-Royal étaient donc d’avis qu’elles devaient chercher une voie moyenne entre les extrémités auxquelles on prétendait réduire leur choix, et qui paraissaient toutes deux insupportables. Au mois de juin, ils obtinrent des grands vicaires, qui en l’absence du cardinal de Retz gouvernaient le diocèse de Paris, la rédaction d’un Mandement où, sous prétexte de justifier la demande de la signature, on distinguait, selon le vœu d’Arnauld, « la créance sur le droit, et le respect dû au Pape sur le fait ». Pascal était tellement d’acord avec ces « Messieurs de Port-Royal » qu’on lui attribua la rédaction du mandement, et cette tradition trouve un appui singulier dans certains passages de lettres écrites par sa sœur Jacqueline 2. En tout cas, la rédac-

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1. Pensées, fr. 873, T. III, p. 313.

2. Vide infra T. X. p. 114 et 116.