Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/86

Cette page n’a pas encore été corrigée

LXVIII INTRODUCTION

de trouble dans les consciences ; car de savoir si les propositions condamnées appartiennent ou non à Jansénius, c’est une question qui ne regarde pas la foi et qui ne peut pas donner matière à hérésie 1 .

Les difficultés auraient été tranchées si les adversaires de Jansénius n’avaient réussi à transporter le débat sur le terrain de la discipline ecclésiastique, en exigeant la signature d’un Formulaire où les prêtres catholiques et les membres des communautés religieuses souscriraient une déclaration d’obéissance aux deux constitutions du pape. La question de droit et la question de fait se trouvaient donc liées; de sorte que les amis de Port-Royal vont être pris au piège : ou ils consentiront à signer, et ils paraîtront souscrire à la condamnation de Jansénius qui dans leur pensée et devant leur conscience implique la condamnation de la grâce efficace, défendue par saint Paul et saint Augustin ; ou ils refuseront de signer, et par ce refus ils paraîtront rejetés dans l’hérésie flétrie par la bulle de 1653. A la fin de la dix-septième Provinciale 2 Pascal essaie de démasquer et de déjouer cette tactique. De fait, en portant la lutte au Parlement, les Jansénistes obtinrent de suspendre pendant quelques années l’effet de la menace; mais au mois d’avril 1661 Louis XIV, qui avait pris l’administration des affaires après la mort de Mazarin, exigea des évêques la prompte exécution des décisions que les Assemblées générales du Clergé avaient rendues à différentes reprises relativement à la signature du formulaire. Ces mesures de rigueur qui étaient annoncées ne pouvaient sans doute s’adresser à Pascal, puisqu’il n’était pas ecclésiastique ; les solitaires de Port-Royal, même ceux

_____________________________________________________________

1. Vide infra, T. VII, p. 35 et suiv

2. Infra T. VI, p. 369 et suiv.