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LXII INTRODUCTION

en même temps il se plaignait que le règlement du concours n’accordât pas un délai suffisant aux compétiteurs étrangers. Pascal s’en tint d’abord à la lettre du règlement : il déclara qu’il n’accepterait pas les envois qui parviendraient à Paris après la date fixée. Il se décida ensuite à proroger le concours. Mais il eut alors la surprise de voir Wallis se refuser à faire explicitement par écrit les rectifications qu’il avait annoncées. Il faut chercher dans la suspicion réciproque des deux savants la cause de ce malentendu, — suspicion qui paraît n’avoir aucun fondement, mais qui était cependant assez naturelle : Wallis ne voulait pas communiquer le détail de ses calculs de peur que Pascal n’en fît son profit ; Pascal se persuadait que si Wallis n’envoyait rien, c’était qu’il ne possédait pas de résultats parfaitement exacts.

Quant au Père Lalouère, qui ne prétendait pas au prix, on a soutenu que Pascal aurait dû au moins respecter sa bonne foi ; on a tiré parti contre Pascal du contraste entre le ton des lettres qu’il adressait en septembre 1658 au Père Jésuite et le ton des écrits qu’il publiait contre lui dès le mois suivant. Il nous semble pourtant que le revirement de Pascal se trouve expliqué, justifié, par le Père Lalouère lui-même, dans le commentaire qu’il donne des passages choisis par lui dans les lettres de Pascal, et communiqués pour sa défense à l’un de ses confrères. Dans la seconde de ces lettres, en effet, Pascal demandait au Père Lalouère de faire connaître sa méthode ; or, raconte le Père Lalouère, dans un mot dont il faut regretter la brièveté, « le P. Recteur m’en empêcha 1 ».

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1. Vide infra T. VIII, p. 129, n. 1 et n. 2. Lalouère déclare, comme Wallis, qu’il avait de bonnes raisons de ne rien communiquer à Pascal qu’il soupçonnait de vouloir s’emparer de ses propres décou-