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INTRODUCTION XLIX

Morale, toute opinion probable est aussi seure que les autres, qui ont plus de probabilité 1 . »

Aucun texte sans doute ne pourrait mieux faire comprendre en quel sens le mouvement que les Jésuites ont essayé de tourner à leur profit, apparaît à Pascal comme une perversion de la Scolastique chrétienne. Peu à peu, la casuistique a éliminé le contenu proprement religieux au profit des éléments formels qui sont d’origine hellénique. L’ Apologie des Casuistes débute par une sorte d’aveu qu’il importe de recueillir si l’on veut mesurer toute la portée des Provinciales : « Il est vray que la Morale des Casuites et des Iesuites est en partie tirée de S. Thomas en sa premiere seconde 2 ; où ce Docteur Angélique a copié presque toute la morale d’Aristote... Si c’est en ce sens (Messieurs les Jansenistes) que vous accusez nostre Morale d’estre Païenne, tres-volontiers nous vous accorderons qu’elle en a quelque chose ; mais nous nous plaindrons de l’outrage que vous faites à l’Ange de l’Escholle, dont vous censurez la doctrine, et du mespris que vous avez pour Aristote, à qui Dieu a donné un Jugement si éclairé, que dans les bornes de la raison naturelle il a tousjours servy de guide aux plus grands esprits du monde qui sont venus apres luy..... Si vous eussiez fait tant soit peu de reflexion sur l’estime, que les personnes de bon sens ont tousjours eu pour la Philosophie, vous eussiez preveu que le reproche que vous faites aux Jesuites d’estre philosophes tourne à la gloire de ces bons Peres... 3 »

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1. Pirot, Apologie des Casuistes, p. 45 sq.

2. Prima secundæ partis Summæ Theologicæ... de ultimo fine humanæ vitæ ac de virtutibus et vitiis in genere.

3. Apologie, p. 3.

2e série. I d