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XLII INTRODUCTION

a confié cette charge redoutable entre toutes de parler en son nom, de condamner et d’absoudre, de lier et de délier, ne peut diviser ses fonctions, distinguer entre la direction de conscience et la confession jusqu’à perdre de vue le salut de l’âme que Dieu jugera, jusqu’à donner à l’apparence fragile du repentir le semblant d’une fausse sécurité, jusqu’à favoriser enfin la tentation des péchés futurs en rendant trop facile la rémission des péchés passés 1 .

C. — La Tradition scolastique.

Voici maintenant la question qui se pose : en élargissant ainsi le débat, Pascal ne risque-t-il pas de donner prise à une critique grave? Sans doute, il paraît viser seulement les casuistes nouveaux dont les Provinciales reproduisent les décisions plaisantes ou choquantes ; mais en réalité ne se trouve-t-il pas atteindre et comprendre dans une même sentence de condamnation, les docteurs de la Sorbonne et les maîtres de la Scolastique, à commencer par saint Thomas lui-même 2 ?

La tactique des Jésuites sera de rattacher à la défense générale de leur ordre l’apologie générale d’un enseigne-

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1. Cf. Dixième Provinciale, T. V, p. 255 et suiv.

2. Cf. VIe Imposture : « Quelle honte à cet imposteur, d’imputer aux Jesuites comme un crime nouveau et surprenant, d’avoir enseigné ce que l’on peut lire dans les ouvrages de tant d’excellens hommes, dont la sainteté et la prudence est reverée de tout le monde. Ces decisions seront-elles innocentes dans tous les autres Autheurs, et injustes seulement dans les Jesuites ? Seront-elles legitimes quand les Rois et les Empereurs les prononcent, et horribles quand elles se trouvent dans les écrits de Molina et de Lessius ? Seront-elles pleines de sagesse, parce qu’elles sont de saint Thomas de saint Remond et de saint Antonin, et extravagantes parce que les Jesuites les ont apprises de ces Docteurs ? »