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INTRODUCTION XLI

Ainsi la distinction entre ce qui permis dans la spéculation et ce qui défendu dans la pratique s’explique naturellement : « Sancius, célèbre Théologien d’Espagne, dit que cette distinction est commune parmy les Jurisconsultes, et que plusieurs d’entre eux n’osent suivre dans la pratique les opinions de Cujas, de Duarenus, et de Donellus, parce qu’ils estiment qu’elles ne sont bonnes que pour la spéculation et pour l’Echole... Monsieur du Val l’a rendue commune dans la Sorbonne ; Diana et Pascaligus parmy les Disciples de S. Augustin : Cajetan entre les Disciples de S. Thomas 1 . »

Rien n’éclaire mieux le débat que ces lignes, écrites en réponse aux Provinciales. Les adversaires de Pascal se plaignent qu’il n’ait pas discuté le problème de la « théologie morale » dans les termes où ils le posaient eux-mêmes ; mais c’est précisément la position initiale du problème qui est aux yeux de Pascal l’erreur fondamentale. Le christianisme de Pascal exclut la conception de sciences théologiques qui se laisseraient distribuer suivant une classification parallèle à la classification des sciences profanes; il reconnaît seulement, et sur un plan transcendant à la certitude ou à l’incertitude de notre raison, une vérité qui est une ; l’unité de cette vérité ne peut entrer dans les cadres de la logique empruntés par le moyen âge à la tradition d’Aristote.

A aucun moment, par conséquent, celui à qui l’Eglise

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1. Réponse à la treizième Lettre, p. 4. — Le P. Pirot trouve même dans cette similitude de procédés l’occasion d’exhorter longuement avocats et juges à venger l’injure que les Provinciales leur font: « L’oppression que souffrent les Casuistes et les Confesseurs, mérite... que les Parlements les protegent, et qu’ils considerent que les Jansenistes accusans les Confesseurs de juger sur des probabilitez, font le procés à tous ceux qui se mélent de la justice en France » (Apologie des Casuistes, p. 43).