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INTRODUCTION XXXI

comme Pascal était alors désigné pour recevoir la charge d’en évoquer la compétence, ou plus exactement encore de le créer de toutes pièces. N’a-t-il pas puisé dans sa vie antérieure l’expérience du monde ? n’a-t-il pas, tout jeune, en projetant la clarté décisive du fait sur ces sujets de physique que l’École avait enveloppés jusque-là dans des ténèbres impénétrables, acquis une maîtrise dans « l’art de conférer » et dans « l’art de persuader » ? Eviter les mots qui étourdissent pour faire entendre le son direct et loyal des choses elles-mêmes, c’est une règle qui paraît concerner l’esprit, et que Pascal transforme en question de conscience : « On ne consulte l’oreille que parce qu’on manque de cœur. » De l’honnête homme, juge reconnu en matière de goût, il a su faire l’arbitre de la probité, de la pureté morale.

Depuis les chapitres de Sainte-Beuve (et c’est l’occasion de redire ici combien le Port-Royal paraît plus jeune, plus profond, plus étonnant à mesure que l’on s’attache davantage à l’étude de Pascal), le caractère essentiel des Provinciales a été bien reconnu. Peut-être n’en a-t-on pas déduit toutes les conséquences. Les éditions successives des Provinciales, qui chacune faisaient connaître de nouvelles sources, ont fait voir à quel point les allégations de Pascal s’appuyaient sur des pièces déjà produites, entre autres par Hermant, par Saci, surtout par Arnauld. On en a manifesté une certaine surprise, comme si le génie créateur de Pascal était en jeu: M. Strowski, qui a si nettement aperçu et défini le rôle d’ Arnauld 1 , a parlé, sinon

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1. «Pascal s’est nourri des ouvrages d’ Arnauld, toutes les Provinciales (à part ce qui est pris à Escobar) sont faites avec des notes prises sur les écrits inédits ou imprimés d’ Arnauld. Le style, la disposition, le sentiment sont de Pascal, le fond est d’Arnauld. » Pascal et son temps, T. III, p. 39, note 2.