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XXVIII INTRODUCTION

imprimés. De fait, il n’y eut plus d’écrit qui parût, du vivant de Pascal, revêtu de sa signature. Les Lettres à un Provincial furent anonymes, avant d’être attribuées à Louis de Montalte; l’auteur des traités mathématiques qui furent publiés en 1658 et en 1659 prétendait se « découvrir » sous le nom d’Amos Dettonville; une note du manuscrit posthume laisse entendre que l’auteur de l’ Apologie de la Religion chrétienne se serait appelé Salomon de Tultie, anagramme des deux premiers pseudonymes. On doit remarquer, en outre, que Pascal n’entreprit aucun de ces ouvrages de sa propre initiative. Il fallut qu’il sentît à travers les circonstances l’appel de la volonté à laquelle il avait fait vœu de soumission totale : c’est Port-Royal, sans doute Arnauld lui-même, qui au moment où la menace de la Sorbonne est le plus pressante, recourt à la jeunesse de Pascal, à sa connaissance du monde ; c’est le duc de Rouannez qui, au lendemain d’un retour accidentel aux mathématiques, lui fait un devoir de conscience d’en tirer parti pour la défense de la religion ; c’est Dieu enfin qui, choisissant sa propre nièce pour être le sujet du miracle, lui inspire l’œuvre de reconnaissance à laquelle il voua toutes les heures que son génie put dérober aux tortures de la maladie. Il n’y a donc pas à s’étonner que durant l’année 1655, du Mémorial à la première Provinciale, il ne nous soit rien parvenu que nous sachions avoir été écrit par Pascal. Aussi, comme l’ont vu les auteurs qui ont examiné de plus près cette période, depuis Délègue, Étude sur la dernière conversion de Pascal, Paris, 1869, jusqu’à dom Pastourel, dans ses articles sur le Ravissement de Pascal (Annales de Philosophie chrétienne, octobre 1910 et février 1911), convient-il de faire appel surtout aux lettres écrites par Jacqueline à Mme Perier. Dans ces lettres, un passage est frappant