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312 OEUVRES

m’interrompant ; aussi sont-ils fort souvent de differens avis; mais cela n’y fait rien. Chacun rend le sien probable et seur. Vrayment l’on sçait bien qu’ils ne sont pas tous de mesme sentiment. Et cela n’en est que mieux. Ils ne s’accordent au contraire presque jamais. Il y a peu de questions où vous ne trouviez que l’un dit oüy, l’autre dit, non. Et en tous ces cas là, l’une et l’autre des opinions contraires est probable. Et c’est pourquoy Diana dit sur un certain sujet 1 . Ponce et Sanchez sont de contraires avis; mais parce qu’ils estoient tous deux sçavans, chacun rend son opinion probable.

Mais, mon Pere, luy dis-je, on doit estre bien embarassé à choisir alors. Point du tout, dit-il, il n’y a qu’à suivre l’avis qui agrée le plus. Et quoy si l’autre est plus probable ? Il n’importe, me dit-il. Et si l’autre est plus seur? Il n’importe, me dit encore le Pere ; le voicy bien expliqué. C’est Emmanuel Sa de nostre Société 2 . On peut faire ce qu’on pense estre permis selon une opinion probable quoy que le contraire soit plus seur. Or l’opinion d’un seul Docteur grave y suffit. Et si une opinion est tout ensemble et moins probable et moins seure, sera-t’il permis de la suivre, en quittant ce que l’on croit estre plus probable et plus seur? Oüy encore une fois, me dit-il, escoutez Filiutius ce grand Jesuite

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1. P’AB. [3. Part. to. 4. R. 244. (P’ : 224.)]; W. avec raison rétablit [tr.]. — Cf. ce texte de Diana, supra p. 285.

2. P’AB. [, dans son Aphorisme de dubio, P. 183.]. — Cf. ce texte de Sa, supra p. 279.