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CINQUIÈME PROVINCIALE 311

Peres 1 . Vous douterez peut-estre si l’autorité d’un seul Docteur bon et sçavant rend une opinion probable. A quoy je responds qu’oüy. Et c’est ce qu’assurent Angelus, Sylv. Navarr. Emmanuel Sa, etc. Et voicy comme on le prouve. Une opinion probable est celle qui a un fondement considerable . Or l’autorité d’un homme sçavant et pieux n’est pas de petite consideration, mais plustost de grande consideration. Car, escoutez bien cette raison Si le tesmoignage d’un tel homme est de grand poids pour nous assurer qu’une chose se soit passée par exemple à Rome ; pourquoy ne le sera-t’il pas de mesme dans un doute de Morale?

La plaisante comparaison, luy dis-je, des choses du monde à celles de la conscience ! Ayez patience ; Sanchez répond à cela dans les lignes qui suivent immediatement. Et la restriction qu’y apportent certains Auteurs ne me plaist pas, que l’authorité d’un tel Docteur est suffisante dans les choses de droit humain, mais non pas dans celles de droit divin. Car elle est de grand poids dans les uns 2 et dans les autres.

Mon Pere, luy dis-je franchement, je ne puis faire cas de cette regle. Qui m’a assuré que dans la liberté que vos Docteurs se donnent d’examiner les choses par la raison, ce qui paroistra seur à l’un, le paroisse à tous les autres, la diversité des jugemens est si grande...... Vous ne l’entendez pas dit le Pere en

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1. P’AB. [Som. 1. I. c. 9. n. 7]. — Cf. ce texte de Sanchez, supra p. 278, sq.

2. Cf. supra p. 163 la note sur l’emploi du masculin dans cette expression.