Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/414

Cette page n’a pas encore été corrigée

298 ŒUVRES

lez Anges prompts et legers. La prophétie n’1 en est-elle pas claire ? Ce sont des esprits d’aigles ; c’est une troupe de Phenix ; un Autheur ayant monstré depuis peu qu’il y en a plusieurs. Ils ont changé la face de la Chrestienté. Il le faut croire puis qu’ils le disent. Et vous l’allez bien voir dans la suite de ce discours, qui vous apprendra leurs maximes.

J’ay voulu m’en instruire de bonne sorte. Je ne me suis pas fié à ce que nostre amy m’en avoit appris. J’ay voulu les voir eux mesmes. Mais j’ay trouvé qu’il ne m’avoit rien dit que de vray. Je pense qu’il ne ment jamais. Vous le verrez par le recit de ces conferences.

Dans celle que j’eus avec luy il me dit de si 2 plaisantes choses que j’avois peine à le croire ; mais il me les monstra 3 dans les livres de ces Peres : de sorte qu’il ne me resta à dire pour leur defense, sinon que c’estoient les sentimens de quelques particuliers, qu’il n’estoit pas juste d’imputer au Corps. Et en effet, je l’asseuray que j’en connoissois qui sont aussi severes que ceux qu’il me citoit, sont relaschez. Ce fut sur cela qu’il me découvrit l’esprit de la Société qui n’est pas connu de tout le monde, et vous serez peut-estre bien aise de l’apprendre. Voicy ce qu’il me dit.

Vous pensez beaucoup faire en leur faveur, de monstrer qu’ils ont de leurs Peres aussi conformes

____________________________________________________________

1. P’. en, manque.

2. W. jocularia; B. [étranges]

3. W. ajoute syllabatim.