Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/38

Cette page n’a pas encore été corrigée

XX INTRODUCTION

fermir les âmes qui ont à lutter sans trêve contre la force renaissante de la concupiscence : les lettres que Pascal à cette époque adresse, inséparablement croyons-nous, au duc et à Mlle de Rouannez, ont pour objet de faire comprendre que la violence du déchirement intérieur, que les inquiétudes et le tremblement sont les marques de la conversion sincère, qu’ils constituent ainsi la meilleure raison d’espérer dans la persévérance de la foi et dans la miséricorde finale de Dieu.

Au mois d’avril 1657, Port-Royal cherche dans une résistance légale le moyen d’éviter la contrainte où la signature d’un Formulaire pourrait mettre l’Eglise. Pascal collabore à la Lettre d’un Avocat au Parlement, qui paraît avoir été surtout l’œuvre d’Antoine Le Maître.

Par contre, sur le domaine de la morale, il trouve un appui officiel dans le clergé de France : les curés de Rouen et de Paris s’alarment des théories et des pratiques que les Provinciales ont dénoncées. Bien plus, un écrit anonyme paraît en 1657, qu’il était impossible aux Jésuites de désavouer, et qui, en dépit de certaines réticences, apporte au réquisitoire de Pascal une sorte de contre-seing authentique. Qu’il n’y ait eu ni imposture ni calomnie à rapprocher les uns des autres les textes dispersés des Nouveaux Casuistes pour en composer, selon le mot du Père Daniel, un tissu qui fait horreur, le P. Pirot le reconnaît en défendant la théologie morale des Jésuites sous la forme systématique où Pascal l’a présentée. Après l’ Apologie des Casuistes, le verdict des curés qui avaient à faire respecter les principes de la morale chrétienne, ne saurait demeurer douteux ; et plusieurs des écrits qui ont signifié ce verdict en 1657 et en 1658 sont de la main de Pascal.

A la même époque, un réveil spontané de son génie