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252 ŒUVRES

veaux Scholastiques, il vous en apportera un beau nombre. Mais quoy, luy dis-je, je me mocque de ces auteurs là, s’ils sont contraires à la Tradition. Vous avez raison, me dit-il. Et à ces mots le bon Pere arriva chargé de livres ; Et m’offrant le premier qu’il tenoit : Lisez, me dit-il, la Somme des Pechez du Pere Bauny 1 que voicy, et de la cinquième edition encore, pour vous montrer que c’est un bon livre. C’est dommage, me dit tout bas mon Janseniste, que ce livre là ait esté condamné à Rome, et par les Evesques de France. Voyez, me dit le Pere, la page 906. Je leus donc, et je trouvay ces paroles : Pour pecher et se rendre coupable devant Dieu, il faut sçavoir que la chose qu’on veut faire ne vaut rien, ou au moins en douter, craindre, ou bien juger que Dieu ne prend plaisir à l’action à laquelle on s’occupe, qu’il la défend, et nonobstant la faire, franchir le sault, et passer outre.

Voila qui commence bien, luy dis-je : Voyez cependant, me dit-il, ce que c’est que l’envie. C’estoit sur cela que M. Hallier, avant qu’il 2 fut de nos amis, se mocquoit du P. Bauny, et luy appliquoit ces paroles Ecce qui tollit peccata mundi ; Voila celuy qui oste les péchez du monde 3 . Il est vray, luy

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n’y a personne qui n’y fust surpris, car comme on ne l’a jamais veue dans l’Escriture ny dans les Pères, etc. »

1. Cf. sur Bauny, son livre, et cette citation, supra p. 243 sq.

2. B. [fust].

3. Joan. I, 29; paroles de saint Jean-Baptiste voyant approcher Jésus-Christ. Ces mots avaient été appliqués à Diana par Caramuel, cf. infra l’introduction à la 6e Provinciale, T. V,p.21 . — Sur les querelles d’Hallier et de Bauny, cf. la 6e Provinciale, infra.T.V, p. 34 sq. François