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QUATRIÈME PROVINCIALE 251

imputée à péché, si Dieu ne nous donne avant que de la commettre la connoissance du mal qui y est, et une inspiration qui nous excite à l’éviter, m’entendez-vous maintenant 1 ?

Estonné d’un tel discours, selon lequel tous les pechez de surprise, et ceux qu’on fait dans un entier oubly de Dieu, ne pourroient estre imputez, 2 je me tournay vers mon Janseniste, et je connus bien à sa façon qu’il n’en croyoit rien. Mais comme il ne respondoit 3 mot, je dis à ce Pere : Je voudrois mon Pere, que ce que vous dites fust bien veritable, et que vous en eussiez de bonnes preuves. En voulez-vous, me dit-il aussi-tost ? Je m’en 4 vay vous en fournir, et des meilleures ; laissez-moy faire. Sur cela il alla chercher ses livres. Et je dis cependant à mon amy : Y en a-t’il quelqu’autre qui parle comme celuy-cy ? Cela vous est-il si nouveau, me répondit-il ? Faites estat que jamais les Peres, les Papes, les Conciles, ny l’Escriture, ny aucun livre de pieté, mesme dans ces derniers temps, n’ont parlé de cette sorte 5 , mais que pour des Casuistes, et des nou-

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1. Nicole, dans sa première note, s’occupe: « De la doctrine des Jésuites touchant les bonnes pensées toujours présentes, condamnée par la Sorbonne et par la Faculté de Louvain » , et il fait une longue citation d’une lettre de Saint Bernard à Hugues de Saint Victor. — La note II a pour titre : « Réfutation de l’invention des prétendues pensées non révélées. »

2. B. [puis qu’avant que de les commettre on n’a ny la connoissance du mal qui y est, ny la pensée de l’éviter.] Je me.

3. B. [point]. 4. A. [vas].

5. Cf. cette note de Pascal (Pensées, fr. 925, T. III, p. 357). « Il