TROISIÈME PROVINCIALE 219
condamne leurs adversaires 1 ; tantost par une procession, où la grace suffisante mene l’efficace en triomphe 2 ; tantost par une comedie, où les diables emportent Jansenius 3 ; une autrefois par un Almanach 4 maintenant par cette censure.
En verité, luy dis-je, je trouvois tantost à redire au procédé des Molinistes ; mais après ce que vous m’avez dit, j’admire leur prudence et leur politique. Je voy bien qu’ils ne pouvoient rien faire de plus judicieux ny de plus seur. Vous l’entendez, me dit-il: Leur plus seur party a tousjours esté de se taire. Et c’est ce qui a fait dire à un sçavant Theologien, Que
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1. Ces « catéchismes » étaient fréquents dans l’Église de Saint-Louis. Pascal raconte dans sa 17e Provinciale celui du 26 décembre 1656. La 18e Enluminure raille celui du 5 février 1654, où, selon une note de Le Maître de Saci : « L’Impératrice dit : Qu’elle avoit eu inspiration de Dieu de faire renoncer à l’heresie du Jansenisme ses compagnes, qui dévoient monter du petit Catechisme au grand. » « Dans un autre de ces Catechismes, on fit cette demande : Qui sont aujourd’huy les plus grands heretiques ? Et on repondit : Ce sont les Jansenistes. » Cf. encore Hermant, Mémoires, T. II, p. 491, T. III, p. 71 ; et la lettre de Racine à d’Andilly où il décrit un catéchisme semblable fait à Saint-Louis en janvier 1659 (Hermant, Mémoires T. IV, p. 182).
2. Cette procession fut faite dans les rues de Mâcon en 1651, le lundi gras, par les écoliers des Jésuites. Hermant en donne tous les détails dans ses Mémoires, T. I, p. 521 ; la treizième Enluminures en était déjà moquée. — Répondant à ces railleries, Desmarets raconte que les petites élèves de Port-Royal noyèrent, dans le canal de l’abbaye, des poupées représentant Escobar.
3. Nicole, dans sa « Note unique où l’on explique differentes choses dont l’intelligence est nécessaire pour bien comprendre cette Lettre », dit qu’il s’agit d’une tragédie représentée au collège de Clermont.
4. Cet almanach gravé fut publié en décembre 1653 ; il représentait la Déroute et la Confusion des Jansénistes. Hermant le décrit longuement dans ses Mémoires, T. II, p. 335. On le trouvera reproduit dans A. Gazier, Port-Royal au XVIIe siècle, planche 117.
