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qu’on me mande en avoir esté saigné 7. fois depuis 5. ou 6. jours, quoique l’une et l’autre piece ne contiennent rien que de tres vray. Or, parce que depuis 7. ou 8. ans les defenseurs de la verité qu’on nomme Jansenistes, ne peuvent avoir permission de rien imprimer : leurs deux plus grands ennemis ayant esté le garde des sceaux mort depuis peu [Mole] et le Chanc[elier], ils sont reduits à faire tout imprimer en cachette et à prix d’argent, et on a aisement cru que le Sr Savreux etoit celuy dont ils s’etoient servi à ces 2. dernieres pieces, ce qui n’est pourtant pas. J’oubliois qu’on a laissé chez lui 2. hommes pour garder tous les livres et papiers, à ce que rien ne fut detourné [sic].

« Jeudi 3. fevrier 1656. L’on sait de ce matin que le Sr Savreux et sa femme ont été interrogés par le Lieutenant criminel Tardieu, selon l’ordre qu’il en avoit reçu de la Reine et du Chanc[elier] ; qu’il n’y a rien à redire à leur reponse ; que la femme qui est fort bonne, simple et craignant Dieu, a esté mise en liberté ; et qu’on n’a rien trouvé parmi ses papiers que quelques Lettres imprimées de M. Arnauld et autres pieces à divers particuliers, entre autres à Mr l’Abbé de Pont-chateau, qu’il avoit pour relier, et parmi lesquelles il est facheux qu’il se soit trouvé une lettre du Card[inal] de Retz.

« On n’a pas oublié les 2. autres libraires affectionnez à P.-R., savoir les Srs Petit et Desprez. Un commissaire est allé à midi chez eux en la rue St Jaque. Mais comme ils se doutoient, ils se sont trouvez absens. Le Commissaire laissant 2. gardes a scellé l’imprimerie du Sr Petit, qui s’est plaint au Parlement de ce qu’on l’empechoit dans sa vacation, etc. Par le moyen de M. le Ier President qui s’en est meslé, on a levé les sceaux dés le lendemain, et il ne s’est trouvé ni lettres ni actes cy-dessus ; et M. le Ier President a rendu ce bon office parce que le Sr Margottin, qui loge pensionaire chez Petit est allé le trouver, ayant en main la Iere lettre à un Provincial avec une 2de toute fraiche et non encore vue bien plus forte que la Iere et luy a dit que pour preuve que ce n’etoit pas M. Petit qui les avoit imprimées il luy apor-