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TROISIÈME PROVINCIALE. — INTRODUCTION 185

réduire à deux chefs, ou à deux questions, ou propositions, dont l’une pourroit s’appeller de fait, et l’autre de droit : et que la première estoit contenue en ces termes... (suivent les 4 propositions de fait, vide supra p. 93 sq.)

Et que la seconde question ou proposition estoit comprise principalement dans cette période... (suit la proposition de droit, vide supra p. 97 sq.)

Ce rapport oüy, la sacrée Faculté, qui pendant deux mois entiers s’est assemblée solemnellement en Sorbonne presque tous les jours, a déliberé sur toute cette affaire ; et aprés une exacte discussion a declaré, que la premiere question ou proposition, qui est de fait, est TEMERAIRE, SCANDALEUSE, INJURIEUSE AU PAPE AUX EVESQUES DE FRANCE; ET MESME QU’ELLE DONNE SUJET DE RENOUVELLER ENTIEREMENT LA DOCTRINE DE JANSENIUS, QUI A ESTE CY-DEVANT CONDAMNÉE 1.

Et que la seconde, qui regarde le droit, est TEMERAIRE, IMPIE, BLASPHEMATOIRE, FRAPÉE d’ANATHEME, ET HERETIQUE.

Certainement la sacrée Faculté souhaiteroit, et le souhaiteroit de tout son cœur, qu’en condamnant la doctrine de Maistre Antoine Arnauld, elle pùst épargner sa personne, qui luy est tres-chere, comme un fils à sa mere : et pour ce sujet elle l’a souvent exhorté par l’entremise des amis dudit Arnauld, de venir à l’Assemblée, de se soùmettre à sa mere, d’abjurer cette fausse et pestilente doctrine, de prendre les mesmes sentimens qu’elle, et d’honorer Dieu et le Pere de Nostre-Seigneur Jesus-Christ, d’un mesme esprit, d’un mesme cœur, et d’une mesme bouche avec elle. Cependant il n’a pas seulement méprisé les conseils et les exhortations d’une mere

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1. « Le Pape Innocent X. a condamné d’heresie la doctrine de Jansenius dans les cinq Propositions, par sa Constitution du dernier jour de May 1653. et par son Bref du 29. de Septembre 1654. Et les Evesques de France ont déclaré par leur Lettre circulaire du 28. May 1654. que les cinq Propositions sont vrayement de Jansenius, et qu’elles sont condamnées au vray et propre sens de leurs paroles ; qui est celuy-là même auquel Jansenius les enseigne et les explique. » (Note marginale.)