Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/257

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

INTRODUCTION

I. — HISTORIQUE

À la date du jeudi 27 janvier, Baudry d’Asson de Saint-Gilles, qui se trouvait alors à Port-Royal des Champs, écrit dans son journal manuscrit, à propos de la première Provinciale : « Aujourd’hui a commencé à paroitre une Lettre imprimée de 8 pages in-4o adressée à un Provincial touchant ce qui se passe en Sorbonne, qui est fort estimée des gens d’esprit et fait voir adroitement le bon droit de M. Arnauld et les divers sentimens de ses ennemis. Quelques-uns attribuent cette pièce qui est fort recherchée à M. Arn[auld] même, mais la pluspart et plus vraisemblablement à M. Pascal qui est son ami, et a demeuré avec lui tous les jours passez Cette pièce a un débit et un applaudissement merveilleux, et comme elle expose agréablement l’ignorance et les contradictions des Molinistes, elle les fâche beaucoup, et on a sceu que Mr Morel entre autres en a esté fort piqué. » Ce dernier renseignement fut transmis par le docteur Saint-Amour qui, le 31 janvier 1656, mettant Arnauld au courant de tout ce qui se passait dans la maison de Sorbonne, ajoutait : « La Lettre à un provincial cependant fait des merveilles. Elle fut hier leuë en salle après disné. Elle irrita M. Morel ; Elle divertit fort M. Duchesne ; Et elle fit rire du boue [sic] des lèvres l’antien penitentier. J’ay dit à ceux à qui j’en ay parlé qu’elle estoit d’un Laïque » (Mémoires de Beaubrun, T. II, p. 420).

Cependant, en Sorbonne, les docteurs continuaient à opiner sur la question de droit ; les adversaires d’Arnauld voulant brusquer la discussion décidèrent d’appliquer un règlement qui avait été voté le 14 janvier, d’après les désirs du roi, exprimés par le chancelier Séguier ; ce règlement limi-