Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/238

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me dit-il, me renvoyez-vous. Je les luy offris tous ensemble, comme ne faisans qu’un mesme corps, et n’agissans que par un mesme esprit.

Mais il me dit. Vous estes bien peu instruit. Ils sont si peu dans les mesmes sentimens, qu’ils en ont de tout contraires.[1]Mais estans tous unis dans le dessein de perdre Monsieur Arnauld, ils se sont avisez de s’accorder de ce terme de prochain, que les uns et les autres diroient ensemble, quoy qu’ils l’entendissent diversement, afin de parler un mesme langage ; et que par cette conformité apparente, ils pussent former un corps considerable, et composer[2]le plus grand nombre, pour l’opprimer avec asseurance.

Cette response m’estonna. Mais sans recevoir ces impressions des meschans desseins des Molinistes,


usurpo. Ille autem leniter : Quorum, inquit, Molinistarum ? Tum ego conglobatim universos obtuli, quasi unum corpus quod una mens regeret. Quam tu, inquit, satis ista non tenes ! Sequuntur illi disjunctissimas sententias, adeò parum illis inter se convenit. Sed cùm omnibus una mens sit opprimendi Arnaldi, fictam in hoc verbo consensionem mentiuntur, quod utrique pariter, at diversâ notione pronuntient ; ut si minus unus omnium sensus, una certè sit omnium lingua. Hâc fucatâ concordià partes suas numerosiores efficiunt, et viam sibi ad obruendum Arnaldum securam parant. Intellexistin ?

Hæc mira prorsùs mihi videri ; nec tamen in commodam illam de perversis Molinistarum machinationibus opinionem

  1. A. Mais, manque. — Cette idée était déjà énoncée dans un écrit qui paraît être de Nicole, et dont Pascal s’est beaucoup inspiré dans tout ce qui suit, cf. supra p. 113.
  2. A2, [un].