Page:Œuvres de Blaise Pascal, IV.djvu/237

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tion, mais il m’en fit un mystere, et me renvoya sans autre satisfaction pour demander aux Jansenistes s’ils admettaient ce pouvoir prochain[1]. Je chargeay ma memoire de ce terme : Car mon intelligence n’y avoit aucune part. Et de peur[2]de l’oublier je fus promptement retrouver mon Janseniste, à qui je dis incontinent, apres les premieres civilitez. Dites-moy, je vous prie, si vous admettez le pouvoir prochain : Il se mit à rire et me dit froidement : Dites-moy vous-mesme en quel sens vous l’entendez ; et alors je vous diray ce que j’en croy. Comme ma connoissance n’alloit pas jusques-là, je me vis en terme de ne luy pouvoir repondre, et neantmoins pour ne pas rendre ma visite inutile, je luy dis au hazard. Je l’entends au sens des Molinistes. A quoy mon homme, sans s’émouvoir : Ausquels des Molinistes,


nescio quid arcani in hac voce latêre signifîcans, nihil ampliùs ad rem evolvendam adjiciens, ad Jansenistas me remisit, percontatum proximamne potestatem admitterent ?

Igitur hâc voce memoriam onero, nam intelligentiæ nullæ hic partes ; et ne efflueret, properanter pergo ad Jansenistam. Ibi post prima illa quæ in salutando solent : Die sodes, inquam, proximamne potestatem agnoscis ? Arridere ille, et nihil commotus : Explana, inquit, quâ tu notione vocem illam usurpes, pòst quid ipse sentiam scies.

Quid tu hîc me censes ? Pene obmutui ; neque enim hue intelligentiâ pertingebam. Ne tamen frustra venissem, temerè quod in buccam venit locutus : Molinistarum, inquam, sensu

  1. Nicole, trouvant sans doute que Pascal avait trop raillé cette expression, cherche à mettre les choses au point dans sa première note : « En quel sens Montalte rejette le terme de Pouvoir prochain », cf. infra, p. 145.
  2. B. [d’oublier].