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PREMIÈRE PROVINCIALE.- INTRODUCTION 117

heretiques, et qu’il sufïisoit pour cela d’establir un pouvoir prochain indeterminé, laissant à la liberté d’un chacun de l’expliquer comme il le voudroit [p. 140].

Avec cette decision on reviendra trouver le cathecumene, on luy dira qu’il n’est pas necessaire qu’il confesse ce pouvoir prochain en aucun de ces deux sens, qu’il suffit de le confesser en general, en faisant abstraction des deux opinions de l’Eschole : et pour parler en leurs termes, abstrahendo a posse proximo Thomistarum, et posse proximo Molinistarum [p. 141].

Mais il témoignera qu’il n’est pas satisfait de cette confession de foy qu’on luy veut faire signer, qu’il sçait que la foy ne peut consister dans les paroles, qu’il les prie donc de luy en dire le sens, puisque c’est dans le sens qu’elle consiste [p. 138]..... Il leur demandera par exemple ce que signifie le mot de Lion en faisant abstraction s’il signifie ou un animal ou une ville. Ce que signifie le mot de Canon en faisant abstraction s’il signifie un canon de Concile, ou un canon de guerre. Enfin il protestera de sa soumission envers l’Eglise. Mais qu’il ne peut croire qu’elle oblige ses enfans à confesser des mots qu’elle n’a point consacrez, et dont personne ne peut expliquer le sens.

Cette response ayant mis un peu en desordre la subtilité de ces Inquisiteurs de la foy, je ne voy pas ce qu’ils pourront luy repliquer, si ce n’est peut-estre ce que nous sçavons qu’ils ont desjà dit à des personnes de condition, qu’il prend un mauvais chemin et pour son salut et pour sa fortune, qu’il est obstiné dans son erreur, et que l’on ne peut plus avoir de conference avec luy, puis qu’il a plus d’envie de disputer que de se sousmettre [p. 142].

Ce discours paroistra peut-estre peu serieux à M. Chamillard, il m’accusera de faire respondre ces Messieurs à ma fantaisie, et de former des hommes de paille pour les défaire. Mais je le prie de considerer que je ne suppose rien de faux et que quelque subtilité qu’ils ayent, ils ne sçauroient dire autre chose que ce que je leur ay fait dire.

N’est-il pas vray que les Thomistes soustiennent, que le