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LES CINQ PROPOSITIONS D’ARNAULD 95

déraisonnable et assez injuste pour s’imaginer, que parce que des personnes ayant leü un livre avec soin, et n’ayant point trouvé des propositions qui sont attribuées à un auteur Catholique apres sa mort dans l’exposé de la Constitution d’un Pape, ne peuvent declarer contre leur conscience qu’elles s’y trouvent, quoy qu’en mesme temps ils les condamnent en quelque livre qu’elles se trouvent, ce soit un pretexte suffisant de les traitter d’heretiques, d’excommuniez, et de retranchez de l’unité de l’Eglise, comme si un point de fait, dont les yeux sont juges, pouvoit estre un point de foy, qui ne peut estre estably que sur une revelation divine, et une cause legitime d’accuser d’heresie des Theologiens catholiques, qui embrassent tout ce qui concerne la foy dans cette Constitution et qui dans ce point de fait mesme ne sont point opiniastres , estant prests de se rendre aussi-tost qu’on leur aura fait lire ces Propositions dans le livre, d’où l’on dit qu’elles ont esté tirées: ce qui doit estre la chose du monde la plus facile si elles en ont esté veritablement tirées : comme au contraire la plus difficile et mesme impossible si elles n’y furent jamais. Et cependant quand on supposeroit mesme qu’ils se trompent dans ce point de fait, n’est-il pas visible, Monseigneur, qu’on ne leur pourroit reprocher en aucune sorte d’estre heretiques, ou de blesser la foy de l’Eglise : mais seulement de n’avoir pas de si bons yeux ou de n’entendre pas si bien le latin que ceux qui soustiendroient le contraire 1 ? Et en ce cas là mesme leurs adversaires ne seroient-ils pas obligez de leur dire ces paroles de S. Paul, dont S. Augustin s’est servy à l’égard mesme des Semipelagiens qui estoient dans la communion de l’Eglise : Quicumque perfecti sumus hoc sentiamus, et si quid aliter sapitis et hoc vobis Deus reve-

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1. Troisième proposition.