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RELATION DE JACQUELINE PASCAL 77

iota. Mais pour le regard du bien il n'y a point de quartier, et vous estes bien asseurée que, vos affaires estant comme elles sontj on vous feroit faire querelle avec tous vos proches, et rompre avec tout le monde plustost que de rabbattre un point de ce qu'elles auroient eu lieu d'espérer de vous\

« C'est une chose qui nous doit faire grande pitié et nous couvrir de confusion ; car ce sont des personnes si saintes et sifidelles à tout le bien qu'elles connoissent, qu'il est visible qu'elles ne font cela que manque d'une instruction qui leur fasse connoistre que c'est un mal et un très grand mal ; et on a tout sujet de croire, et je dis mesme qu'il est indubitable que si elles avoient là dedans des lumières dont Dieu nous a favorisées, elles y seroient bien plus fidelles que nous, sans comparaison. C'est pour quoy nous devons davantage admirer la miséricorde que Dieu nous fait, qui est si rare et que nous méritons si peu ; et cela seul vous doit donner tant de joye qu'elle vous doit faire oublier tout le reste ; car si vous estiez là dedans, vous croiriez ne pouvoir mieux faire que de suivre l'ordre de vos supérieurs, comme vous faites icy. Cepen- dant où en seriez vous ? N'estes-vous donc pas bien heu- reuse^ [t/'e^^re] tombée entre les mains des personnes qui vous conduisent par les pures règles de la charité, comme s'ils n'y avoient aucun interrest ? )>

Je luy dis que je la suppliois de considérer que c'estoit cela mesme qui me donnoit plus de sujet de peine, parce que l'injustice qu'on faisoit à la Maison estoit d'autant plus blâmable qu'EUe estoit plus désintéressée.

��I. « On a la consolation de voir aujourd'hui le désintéressement de Port-Royal par rapport aux dots des Religieuses, imité parplusieurs Communautés, et en particulier dans quelques couvents de Carmélites. » {Note au texte imprimé, loc. cit., p. 84).

a. Ms. : de n'estre pas.

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