Page:Œuvres de Blaise Pascal, III.djvu/399

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et me donnez, outre cela, mes 32 qui me sont seures. » Il aura donc 48 pistoles et l'autre 16.

Posons maintenant que le premier ait deux parties et l'autre point, et ils commencent à jouer une partie. Le sort de cette partie est tel que, si le premier la gagne, il tire tout l'argent, 64 pistoles; si l'autre la gagne, les voilà revenus au cas précèdent, auquel le premier aura deux parties et l'autre une.

Or, nous avons déjà monstre qu'en ce cas il appartient à celuy qui a deux parties, 48 pistoles : donc, s'ils veulent ne point joüer cette partie, il doit dire ainsi : « Si je la gagne, je gagneray tout, qui est 64; si je la perds, il m'appartiendra legitimement 48 : donc donnez-moi les 48 qui me sont certaines au cas mesme que je perde, et partageons les 16 autres par la moitié, puisqu'il y a autant de hazard que vous les gagniez comme moi. » Ainsi il aura 48 et 8, qui sont 56 pistoles.

Posons enfin que le premier n'ait qu'une partie et l'autre point. Vous voyez, Monsieur, que, s'ils commencent une partie nouvelle, le sort en est tel que, si le premier la gagne, il aura deux parties à point, et partant, par le cas precedent, il luy appartient 56 ; s'il la perd, ils sont partie à partie : donc il luy appartient 32 pistoles. Donc il doit dire : « Si vous voulez ne la pas joüer, donnez-moi 32 pistoles qui me sont seures, et partageons le reste de 56 par la moitié. De 56 ostez 32, reste 24 ; partagez donc 24 par la moitié prenez-en 12, et moi 12, qui, avec 32, font 44. »

Or, par ce moyen, vous voyez, par les simples