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ŒUVRES

Il y mit premierement de ceux qui ont des aîles, comme de grosses mouches, des Abeilles et des Papillons ; mais apres qu’on eut vuidé le Recipient, ils tomberent du haut en bas sans se pouvoir du tout servir de leurs aîles.

Il y mit encore une Aloüette, qui non seulement y perdit l’usage de ses aîles, mais devint tout d’un coup languissante ; et ayant ensuite souffert plusieurs convulsions tres violentes, on la vit enfin expirer, et tout cela se passa pendant l’espace de 9. ou 10. minutes.

On y mit ensuite un Moineau, qui y mourut de mesme, après 5. ou 6. minutes ; et apres, une Souris qui y vécut un peu plus longtemps, et qui n’y souffrit pas tant de convulsions que les animaux à aîles[1].

Voulant aussi éprouver si les poissons y pourroient vivre, et n’en pouvant avoir d’autres vivans, il y mit une Anguille, laquelle, après que l’on eut vuidé le Recipient, y demeura couchée et immobile durant long-temps, comme si elle eut esté morte. Neanmoins, quand on ouvrit après cela le Recipient et qu’on l’en retira, on trouva qu’elle ne l’estoit pas, et qu’elle estoit aussi vive qu’avant qu’on l’y mit.

Voilà ce que l’on a jugé à propos d’extraire du livre de Monsieur Boyle, et les experiences que l’on a trouvées les plus considerables, et qui ont le plus de rapport au sujet des Traitez precedens, dont les unes ont cela de particulier, qu’elles prouvent clairement que l’Air a de la pesanteur, & toutes ont cela de commun, qu’elles ne prouvent rien qui soit contraire à ce Principe.

  1. Vide supra, t. II, p. 12. n. 1, et p. 310.