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ŒUVRES

et en laissant rentrer l’Air petit à petit, l’on voyoit aussi la vessie remonter peu à peu, et enfin redevenir à son Equilibre quand on y laissoit entrer tout à fait l’Air.

Cet effet est tout pareil à ce qui a esté dit dans le Traitté de l’Equilibre des Liqueurs, pag. 27. et 28.[1] qu’il se peut faire que des poids soient en Equilibre dans l’Air, qui ne le seroient pas dans l’eau, ny mesme dans un Air plus humide ; et la raison qui en est donnée en cet endroit doit aussi servir à expliquer l’experience que nous venons de rapporter.

Car il est clair que lorsque la vessie est dans l’Air en Equilibre avec le plomb, elle est contrepesée en cet estat non seulement par le plomb, mais par un volume d’Air égal à soy, beaucoup plus grand que n’est celuy qui contrepese le plomb : or, estant mise dans ce Recipient presque vuide, encore que sa pesanteur naturelle n’augmente pas, neanmoins elle est moins contrepesée et moins soûtenuë, parce que le volume d’Air qui la contrepesoit a perdu beaucoup de sa force par la diminution d’Air, et bien plus à proportion que celuy qui contrepesoit le plomb, parce qu’il est bien plus grand ; et par consequent la vessie qui estoit en Equilibre dans l’Air, doit s’abaisser dans ce vuide, et cesser d’estre en Equilibre.

Outre ces Experiences, Monsieur Boyle en a fait quelques autres, lesquelles ne dependent point, à la verité, du principe de la pesanteur de l’Air, et qui arriveroient tout de mesme quand il ne peseroit pas, mais qui n’y sont point aussi contraires.

Il a éprouvé, par exemple, qu’un pendule ne va pas si vite dans l’Air que dans le Vuide ; et pour le connoître, il en a pris deux parfaitement égaux dans l’Air, dont il en a mis l’un dans le Recipient, et laissé l’autre dans l’Air ; et ayant ensuite fait vuider le Recipient, le pendule qui y estoit enfermé alloit plus vite que celui qui estoit en plein Air, en sorte que l’on comptoit 22. battemens de l’un contre 20. seulement de l’autre.

  1. Vide supra, p. 179 sqq.