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PRÉFACE DES TRAITÉS

qu’une simple conjecture, et dont on n’avoit aucune preuve, pour en connoistre ou la verité ou la fausseté, il fit plusieurs experiences ; l’une des plus considerables fut celle du vuide dans le vuide, qu’il fit avec deux tuyaux l’un dans l’autre vers la fin de l’année 1647. comme on le peut juger par ce qui en est dit dans le récit de l’Expérience du Puy de Domme (pag. 170[1]), qui fut imprimé en 1648. Il n’en est pas neanmoins parlé dans les deux Traitez que l’on publie maintenant, parce que l’effet en est tout pareil à celuy de l’Experience qui est rapportée dans le Traité de la Pesanteur de l’Air chap. 6, pag. 105[2], qui ne differe de l’autre qu’en ce que l’une se fait avec un simple tuyau, et l’autre avec deux tuyaux l’un dans l’autre.

Mais cette experience ne le satisfaisant pas encore entierement, il medita dés la fin de cette mesme année 1647. l’experience celebre qui fut faite en 1648. au haut et au bas d’une montagne d’Auvergne appellée le Puy de Domme dont il fit imprimer la Relation qu’il envoya aussi de toute parts.

Le succés de cette Experience qu’il reïtera depuis plusieurs fois, au haut et au bas de plusieurs tours comme celles de Nostre-Dame de Paris, de S. Jacques de la Boucherie, etc., au grenier et à la cave d’une maison, y remarquant toûjours la mesme proportion, le confirma tout à fait dans la pensée de Toricelli de la Pesanteur de l’Air, et luy donna lieu ensuite d’en tirer plusieurs consequences tres belles et très utiles, et de faire encore plusieurs autres experiences qu’il mit dans un grand Traité qu’il composa en ce temps là, où il expliquoit à fond toute cette matiere, et où il resolvoit toutes les objections que l’on faisoit contre luy. Mais ce Traité a esté perdu ; ou plûtost comme il aimoit fort la brieveté, il l’a reduit luy mesme en ces deux petits Traitez, que l’on donne maintenant, dont l’un est intitulé,

  1. Vide supra, t. III, p. 236.
  2. Voir le fac-similé de l’édition princeps, supra, t. III. p. 237.