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CONCLUSION DES TRAITÉS

Cette experience ayant découvert que l’eau s’éleve dans les Pompes à des hauteurs toutes differentes, suivant la varieté des lieux et des temps, et qu’elle est toûjours proportionnée à la pesanteur de l’Air, elle acheva de donner la connoissance parfaite de ces effets ; elle termina tous les doutes ; elle monstra quelle en est la veritable cause ; elle fit voir que l’horreur du vuide ne l’est pas ; et enfin elle fournit toutes les lumieres qu’on peut desirer sur ce sujet.

Qu’on rende raison maintenant, s’il est possible, autrement que par la pesanteur de l’Air, pourquoy les Pompes aspirantes élevent l’eau plus bas d’un quart sur le Puy de Domme en Auvergne, qu’à Dieppe.

Pourquoy un mesme Siphon éleve l’eau et l’attire à Dieppe, et non pas à Paris.

Pourquoy deux corps polis, appliquez l’un contre l’autre, sont plus faciles à separer sur un Clocher que dans la Ruë.

Pourquoy un soufflet bouché de tous costez est plus facile à ouvrir sur le haut d’une maison que dans la court.

Pourquoy, quand l’Air est plus chargé de vapeurs, le Piston d’une Seringue bouchée est plus difficile à tirer.

Enfin, pourquoy tous ces effets sont toûjours proportionnez au poids de l’Air, comme l’effet à la cause.

Est-ce que la nature abhorre plus le vuide sur les montagnes que dans les vallons, quand il fait hu-