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CONCLUSION DES TRAITÉS

temps dont on a des écrits, tous les hommes ensemble ont esté fermes dans cette pensée, sans que jamais personne y ait contredit jusqu’à ce temps.

Peut estre que cet exemple ouvrira les yeux à ceux qui n’osent penser qu’une opinion soit douteuse, quand elle a esté de tout temps universellement receüe de tous les hommes[1] ; puisque de simples Artisans ont esté capables de convaincre d’erreur tous les grand hommes qu’on appelle Philosophes : Car Galilée declare dans ses Dialogues, qu’il a appris des Fonteniers d’Italie, que les Pompes n’élevent l’eau que jusqu’à une certaine hauteur : Ensuite de quoy il l’éprouva luy mesme ; et d’autres ensuite en firent l’épreuve en Italie, et depuis en France avec du vif argent, avec plus de commodité, mais qui ne monstroit que la mesme chose en plusieurs manieres differentes[2].

Avant qu’on en fût instruit, il n’y avoit pas lieu de demonstrer que la pesanteur de l’Air fût ce qui élevoit l’eau dans les Pompes ; puisque cette pesanteur estant limitée, elle ne pouvoit pas produire un effet infini.

Mais toutes ces experiences ne suffirent pas pour monstrer que l’Air produit ces effets ; parce qu’encore qu’elles nous eussent[3] tiré d’une erreur, elles nous laissoient dans une autre. Car on apprist bien par toutes ces experiences, que l’eau ne s’éleve que

  1. Vide supra, le Fragment de Préface, t. II, p. 187.
  2. Vide supra, t. II, p. 482–483.
  3. Bossut imprime tirés au pluriel.