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CONCLUSION
DES DEUX PRECEDENS TRAITEZ


J’ay rapporté dans le Traité precedent tous les effets generalement qu’on a pensé jusques icy que la nature produit pour éviter le vuide ; où j’ay fait voir qu’il est absolument faux qu’ils arrivent par cette raison imaginaire. Et j’ay démontré, au contraire, que la pesanteur de la masse de l’Air en est la veritable et unique cause, par des raisons et des experiences absolument convainquantes : De sorte qu’il est maintenant assuré qu’il n’arrive aucun effet dans toute la nature qu’elle produise pour éviter le vuide.

Il ne sera pas difficile de passer de là à montrer qu’elle n’en a point d’horreur ; car cette façon de parler n’est pas propre, puisque la nature creée, qui est celle dont il s’agit, n’étant pas animée, n’est pas capable de passion[1] ; aussi elle est metaphorique, et on n’entend par là autre chose sinon que la nature

  1. Voir plus haut, t. II p. 530, le fragment conservé à la page 393 du manuscrit autographe. Cf. à la page 360, vers la fin du fragment sur les Deux Infinis, Sect. II, fr. 72 ; « De là vient que presque tous les philosophes confondent les idées des choses, et parlent des choses corporelles spirituellement et des spirituelles corporellement. Car ils disent hardiment que les corps tendent en bas, qu’ils aspirent à leur centre, qu’ils fuyent leur destruction, qu’ils craignent le vide, qu’elle a des inclinations, des sympaties, des antipaties, qui sont toutes choses qui n’appartiennent qu’aux esprits. »