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ŒUVRES

en aucun lieu du monde ; car il n’y a point de caverne assez creuse pour faire que l’Air pese assez pour soulever l’eau à cette hauteur.

VII. Que l’eau s’éleve dans les pompes à Dieppe, quand l’Air est mediocrement chargé, à 31. pieds deux poulces, comme nous avons dit, et quand l’air est le plus chargé à 32. pieds ; qu’elle s’éleve dans les Pompes sur les montagnes hautes de 500. toises au dessus de la mer, quand l’Air est mediocrement chargé, à 26. pieds onze poulces ; et quand il est le moins chargé, à 26. pieds un poulce : de sorte qu’il y a difference entre cette hauteur et celle qui se trouve à Dieppe, quand l’Air y est le plus chargé, de cinq pieds onze poulces, qui est presque le quart de la hauteur qui se trouve sur les montagnes.

VIII. Comme nous voyons qu’en tous les lieux qui sont à mesme niveau, l’eau s’éleve à pareille hauteur, et qu’elle s’éleve moins en ceux qui sont plus élevez ; aussi, par le contraire, si nous voyons que l’eau s’éleve à pareille hauteur en deux lieux differents, on peut conclure qu’ils sont à mesme niveau ; et si elle ne s’y éleve pas à mesme hauteur, on peut juger, par cette difference, combien l’un est plus élevé que l’autre : ce qui est un moyen de niveler les lieux,[1]quelques esloignez qu’ils soient, assez exactement et bien facilement ; puis qu’au

  1. Bossut corrige quelque.