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ŒUVRES

fussent pleins, et le tout dans la mesme cuve pleine d’eau ; car alors il arriveroit que l’huile du vaisseau le plus bas monteroit, et couleroit par le haut du Siphon dans le vaisseau le plus élevé, par les mesmes raisons que nous venons de dire ; car l’eau poussant toûjours l’huile du vaisseau le plus bas, avec plus de force, à cause qu’elle a un poulce de plus de hauteur, et l’huile de la longue jambe resistant, et pesant davantage d’un poulce qu’elle a de plus de hauteur, il arriveroit qu’un poulce d’huile pesant moins qu’un poulce d’eau, l’huile de la longue jambe seroit poussée en haut avec plus de force que l’autre ; et partant[1] [elle] couleroit, et se rendroit du vaisseau le plus bas dans le plus élevé.

Et enfin, si le Siphon estoit plein d’une liqueur qui pesast autant que l’eau de la cuve, lors, ny l’eau du vaisseau le plus élevé ne se rendroit pas dans l’autre, ny celle du plus bas dans celle du plus élevé ; mais tout demeureroit en repos, parce qu’en supputant tous les efforts, on verra qu’ils sont tous égaux.

Voilà ce qu’il estoit necessaire de bien faire entendre, pour sçavoir à fond la raison pour laquelle[2] [les] liqueurs s’élevent dans les Siphons ; aprés quoy il est trop aisé de voir pourquoy le poids de l’air fait monter l’eau dans les Siphons ordinaires, et pourquoy du vaisseau le plus élevé dans le plus bas, sans

  1. 1663 : il.
  2. L’édition originale porte ces. Bossut a corrigé les, et, semble-t-il, avec raison.