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TRAITÉ DE LA PESANTEUR DE LA MASSE DE L’AIR


III
Que la pesanteur de la masse de l’Air est la cause de l’élevation de l’eau dans les Seringues et dans les Pompes.

Pour faire entendre comment la pesanteur de la masse de l’Air fait monter l’eau dans les Pompes, à mesure qu’on tire le Piston, je feray voir un effet entierement pareil du poids de l’eau, qui en fera parfaitement comprendre la raison en cette sorte.

Si l’on met à une Seringue un Piston bien long, par exemple, de dix pieds, et creux tout du long, ayant une souspape au bout d’en bas disposée d’une telle sorte qu’elle puisse donner passage du haut en bas, et non de bas en haut ; et qu’ainsi cette Seringue soit incapable d’attirer l’eau, ny aucune liqueur par-dessus le niveau de la liqueur, parce que l’Air peut y entrer en toute liberté par le creux du piston : en mettant l’ouverture de cette Seringue dans un vaisseau plein de vif argent, et le tout dans une cuve pleine d’eau, en sorte toutefois que le haut du Piston sorte hors de l’eau, il arrivera que si on tire le Piston, le vif argent montera et le suivra, comme s’il luy adheroit ; au lieu qu’il ne monteroit en aucune sorte, s’il n’y avoit point d’eau dans cette cuve, parce que l’Air a un accés tout libre par le manche du Piston creux, pour entrer dans le corps de la Seringue.

Ce n’est donc pas de peur du vuide ; car quand le vif argent ne monteroit pas à la place que le Piston quitte, il n’y auroit point de vuide, puisque l’Air y