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ŒUVRES

mesme estat que celuy qui l’environnoit sur cette montagne, parce qu’il seroit chargé de moins d’Air en cet endroit là qu’il n’estoit au bas ; et, par consequent, si on prenoit un balon à demy plein d’air seulement, et non pas tout enflé, comme ils le sont d’ordinaire, et qu’on le portât sur une montagne, il devroit arriver qu’il seroit plus enflé au haut de la montagne, et qu’il devroit s’élargir à proportion de ce qu’il seroit moins chargé ; et la difference en devroit estre visible, si la quantité d’Air qui est le long de la montagne, et de laquelle il est déchargé, a un poids assez considerable pour causer un effet et une difference sensible.

Il y a une liaison si necessaire de ces consequences avec leur principe, que l’un ne peut estre vray, sans que les autres le soient également : et comme il est asseuré que l’Air qui s’étend depuis la terre jusques au haut de sa Sphere a de la pesanteur, tout ce que nous en avons conclu est également veritable.

Mais quelque certitude qu’on trouve en ces conclusions, il me semble qu’il n’y a personne qui, mesme en les recevant, ne souhaitast de voir cette derniere consequence confirmée par l’experience, parce qu’elle enferme, et toutes les autres, et son principe mesme ; car il est certain que si on voyoit un balon tel que nous l’avons figuré, s’enfler à mesure qu’on l’éleve, il n’y auroit aucun lieu de douter que cette enflure ne vint de ce que l’Air du balon estoit plus pressé en bas qu’en haut, puis qu’il n’y a aucune autre chose qui pûst causer qu’il s’enflast,