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ŒUVRES

l’Air couvrant toute la surface de la terre, ce poids la presse en toutes les parties.

3. Comme le fonds d’un seau où il y a de l’eau est plus pressé par le poids de l’eau, quand il est tout plein que quand il ne l’est qu’à demy et qu’il l’est d’autant plus qu’il y a plus de hauteur d’eau : aussi les lieux élevez, comme les sommets des montagnes, ne sont pas si pressez par le poids de la masse de l’Air, que les lieux profonds, comme les vallons ; parce qu’il y a plus d’air au dessus des vallons, qu’au dessus des sommets des montagnes ; car tout l’Air qui est le long de la montagne pese sur le vallon, et non pas sur le sommet ; parce qu’il est au dessus de l’un et au dessous de l’autre.

4. Comme les corps qui sont dans l’eau sont pressez de toutes parts par le poids de l’eau qui est au-dessus, comme nous l’avons montré au Traitté de l’Equilibre des liqueurs ; ainsi les corps qui sont dans l’air sont pressés de tous costez par le poids de la masse de l’Air qui est au dessus.

5. Comme les animaux qui sont dans l’eau n’en sentent pas le poids ; ainsi nous ne sentons pas le poids de l’Air, par la mesme raison : et comme on ne pourroit pas conclure que l’eau n’a point de poids, de ce qu’on ne le sent pas quand on y est enfoncé ; ainsi on ne peut pas conclure que l’Air n’a pas de pesanteur, de ce que nous ne [la][1] sentons pas. Nous

  1. L’édition originale donne le, il semble que ce soit par erreur, et qu’il faille avec Bossut, imprimer la.