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TRAITÉ DE L’ÉQUILIBRE DES LIQUEURS

sont à l’entrée du tuyau (car l’eau n’y a point d’acces, le tuyau qui sort de l’eau l’empeschant), il est poussé des lieux où il est pressé vers celuy où il ne l’est pas ; et ainsi il monte dans le tuyau jusques à une hauteur à laquelle il pese autant que l’eau qui est au dehors du tuyau.

En quoy il arrive la mesme chose que si on pressoit le balon entre les mains ; car on feroit sans difficulté remonter sa liqueur dans le tuyau, et il est visible que l’eau qui l’environne le presse de la mesme sorte.

Figure XVII. — C’est par la mesme raison que, si un homme met le bout d’un tuyau de verre, long de vingt pieds, sur sa cuisse, et qu’il se mette en cet estat dans cuve pleine d’eau[1], en sorte que le bout d’en haut du tuyau soit hors de l’eau, sa chair s’enflera à la partie qui est à l’ouverture du tuyau, et il s’y formera une grosse tumeur avec douleur, comme si sa chair y estoit succée et attirée par une vantouze, parce que le poids de l’eau comprimant son corps de tous costez, hormis en la partie qui est la bouche du tuyau qu’elle ne peut toucher, à cause que le tuyau où elle ne peut entrer empesche qu’elle n’y arrive ; la chair est poussée des lieux où il y a de la compression, au lieu où il n’y en a point ; et

  1. Boyle prend texte de ce passage pour critiquer les Expériences de Pascal : « One of them requires, that a Man should sit there with the End of a Tube leaning upon his Thigh. But he neither teaches us how a Man shall be enabled to continue under Water… » Hydr, parad., p. 5.