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TRAITÉ DE L’ÉQUILIBRE DES LIQUEURS

que luy ; et s’il pesoit autant, il nageroit. Aussi en donnant un coup à terre, ou faisant le moindre effort contre l’eau, il s’éleve et nage : et dans les bains d’eau bourbeuse, un homme ne sçauroit enfoncer, et si on l’enfonce, il remonte de luy mesme.

Par la mesme cause, quand on se baigne dans une cuve, on n’a point de peine à hausser le bras, tant qu’il est dans l’eau ; mais quand on le sort de l’eau, on sent qu’il pese beaucoup, à cause qu’il n’a plus le contrepoids d’un volume d’eau pareil au sien, qu’il avoit estant dans l’eau.

Comment les corps nagent.

Enfin, les corps qui nagent sur l’eau, pesent precisément autant que l’eau dont ils occupent la place ; car l’eau les touchant par dessous, et non par dessus, les pousse seulement en haut.

Et c’est pourquoy une platine de plomb estant mise en figure convexe, elle nage, parqu’elle occupe une grande place dans l’eau par cette figure ; au lieu que si elle estoit massive, elle n’occuperoit jamais dans l’eau que la place d’un volume d’eau égal au volume de sa matiere, qui ne suffiroit pas pour la contrepeser.


Chapitre VI.Des corps compressibles qui sont dans l’eau.


On voit, par tout ce que j’ay montré, de quelle sorte l’eau agit contre tous les corps qui y sont, en les pressant par tous les costez : d’où il est aisé à