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ŒUVRES

faire qu’elle ait la hauteur necessaire pour contrepeser le cuivre ; de sorte que si ce Cilindre a un pied de haut, il faut que depuis le haut de l’eau jusques au bas du Cilindre, il y ait neuf pieds, à cause que le cuivre pese de luy mesme neuf fois autant que l’eau ; aussi si l’eau n’a pas assez de hauteur, comme si on retire le tuyau plus vers le haut de l’eau, son poids l’emporte, et il tombe ; mais si on l’enfonce encore plus avant qu’il ne faut, comme à vingt pieds, tant s’en faut qu’il puisse tomber par son poids, qu’au contraire il faudroit employer une grande force pour le separer et l’arracher d’avec l’entonnoir, car le poids de l’eau le pousse en haut avec la force de vingt pieds de haut. Mais si on perce le tuyau et que l’eau y entre, et pese aussi bien sur le Cilindre comme par dessous, lors le Cilindre tombera par son poids, comme le vif argent dans l’autre exemple, parce qu’il n’a plus le contrepois qu’il faut pour le soutenir.

Figure XII. — Si ce tuyau, tel que nous le venons de figurer, est recourbé et qu’on y mette un Cilindre de bois, et le tout dans l’eau, en sorte neanmoins que le bout d’en haut sorte de l’eau, le bois ne remontera pas, quoyque l’eau l’environne ; mais, au contraire, il s’enfoncera dans le tuyau, à cause qu’elle le touche par dessus, et non pas par dessous ; car elle ne peut entrer dans le tuyau, et ainsi elle le pousse en bas par tout son poids, et point du tout en haut ; car elle ne le touche pas par dessous.

Figure XIII. — Que se Cilindre estoit à fleur