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TRAITÉ DE L’ÉQUILIBRE DES LIQUEURS

de mécanique de Roberval, qui n’était encore qu’une introduction de principe aux mécaniques promises par le même auteur[1]. De son côté, dans deux rédactions successives — l’une envoyée à Constantin Huygens le 5 octobre 1637[2], dont les copies circulèrent en Hollande et que Mersenne fut autorisé à utiliser pour les Cogitata physico-mathematica de 1644[3] — l’autre écrite directement pour Mersenne le 13 juillet 1638[4], et complétée par des réponses aux objections de Mersenne[5], Descartes avait repris la théorie des machines simples en la ramenant à un principe unique. Enfin Pascal, nous le savons par ailleurs[6], avait été un des premiers lecteurs du Recueil des Œuvres géométriques de Torricelli, paru en 1644 à Florence, où l’équilibre entre deux corps était fondé sur la considération de leur centre de gravité commun.

Avec le principe de Torricelli l’œuvre de réduction analytique était, pour Pascal, achevée : « La dernière chose qu’on trouve en faisant un ouvrage, suivant un mot qu’on rapporte de lui, est de savoir celle qu’il faut mettre la première[7]. » Cette première chose, ce serait donc ce principe suivant lequel, quand deux poids sont appliqués à un même mécanisme, la condition nécessaire et suffisante pour que celui-ci demeure en repos, c’est que parmi les déplacements que le mécanisme permet, il n’y en ait aucun qui fasse subir un abaissement au centre commun

  1. Cf. Duhem, Origines de la Statique, t.  I, 1905, p.  313 sqq.
  2. Explication des engins par l’ayde desquels on peut avec une petite force lever un fardeau fort pesant. Œuvres, éd. Adam et Tannery, t.  I, p.  431.
  3. Voir Lettre du 2 février 1643, t.  III, p.  613–614.
  4. Examen de la question, sçavoir si un corps pese plus ou moins estant proche du centre de la terre qu’en estant esloigné, Ibid., t.  II, p.  224 sqq.
  5. Lettres du 12 septembre et du 15 novembre 1638, t.  II, p.  352 sqq. et p.  432 ; cf. Duhem, Origines de la Statique, t.  I, p.  339 sqq.
  6. Vide supra, t.  II, p.  488.
  7. Pensées, sect. I, fr.  19.