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ŒUVRES

l’hôtel de Roannez « qui se voit encore à l’angle de la rue du Cloître Saint-Merry et de la rue Taillepain[1] », était en effet contigu à la rue Brisemiche, où fut jusqu’en 165o la maison d’Etienne Pascal. Marguerite Perier ajoute même que le duc de Roannez emmena Pascal avec lui dans son gouvernement du Poitou[2]. D’autre part, nous savons par une lettre de Pascal à Fermat, qu’en 1654 Pascal était engagé dans de grandes discussions mathématiques avec le chevalier de Méré[3]. A plus d’une reprise, enfin dans les Fragments des Pensées, Pascal nomme et interpelle Miton. Il est difficile donc de contester que ces diverses circonstances convergent vers l’hypothèse formulée par Collet : le grand mathé-

  1. Gazier, Pascal et Mlle de Roannez, in Mélanges de littérature et d’histoire, 1904, p. 33.
  2. Vide supra, t. I, p. 131.
  3. Vide infra, p. 381. Plus tard, en réponse peut-être à des remarques analogues à celles que nous avons conservées sous le nom de Réflexions sur la Géométrie et l’Art de Persuader, ou d’Argument du Pari, Méré envoyait à Pascal une lettre qui a été publiée dans ses Œuvres, et dont les premières lignes coïncident exactement avec la conclusion de l’anecdote rapportée dans le Discours de l’Esprit : « Vous souvenez-vous de m’avoir dit, une fois, que vous n’estiez plus si persuadé de l’excellence des Mathématiques? Vous m’écrivez à cette heure que je vous en ay tout à fait désabusé et que je vous ay découvert des choses que vous n’eussiez jamais veuës si vous ne m’eussiez connu. Je ne sçais pourtant. Monsieur, si vous m’estes si obligé que vous pensez. — Dans le Portefeuille de M. D. F. (M. de la Faille), Carpentras, 1694, M. Strowski a rencontré l’anecdote suivante, qui fait peut-être allusion aux controverses philosophico-scientifiques de Pascal et de Méré : « M. Pascal parloit un jour de mathématiques avec quelqu’un qui n’en savoit pas beaucoup; ils se disputoient. Vous verrez, dit M. Miton, qu’il y a deux mathématiques. » Cité par M. Strowski, dans son excellent chapitre de l’Histoire de Pascal: La mondanité, p. 345. — Nous ajoutons, puisque nous parlons de Miton, que c’est par erreur que Victor Cousin (Etudes sur Pascal, 6e édition, p. 481 et 519) et nous même après lui (Pensées, 1904, t. II, p. 166, n. 1), nous avions lu le nom de Miton, dans la Copie de la lettre à Pascal du 27 décembre 1656 (ms. 12988, f. fr., p. 383). La lettre est du mathématicien Mylon.