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RELATION DE JACQUELINE PASCAL 89

res làicy.Mais il avoitavec luy des hommes d'affaires qui en furent si estonnez qu'ils ne pouvoient se lasser d'ad- mirer ce procédé; et tous d'un accord disoient qu'ils n'avoient jamais veu agir de la sorte, et que ce n'estoit pas là une conduitte ordinaire ^

11 ne voulut pas neantmoins différer davantage ; pour montrer de son costé qu'il faisoit de bon cœur le peu qui estoit en son pouvoir, et me persuader, ce qu'il me protestoit souvent, qu'il estoit bien fasché de n'estre pas en estât de faire plus, il revint le lendemain, où il trouva nostre Mère en santé ^ Elle luy dit avec une merveilleuse force, selon qu'il me le raporta ensuitte, qu'elle ne sçavoit si j'avois agi avec luy en la manière que l'on m'avoit sans cesse recommandé. « C'est pour quoy, luy dit elle, Mon- sieur, de peur qu'elle y ait manqué, je suis obligée de vous dire que je vous conjure, au nom de Dieu, de ne rien faire par considération humaine, et que, si vous ne vous sentez point disposé à faire cette aumosne, vous ne la fassiez point^[(/a] tout. Veoyez vous, Monsieur, nous avons appris de feu M. de S*-Gyran de ne rien recevoir pour la Maison de Dieu qui ne vienne de Dieu : tout ce qui est fait par un autre motif que la charité n'est point un fruit de l'esprit de Dieu, et par conséquent nous ne devons point le recevoir. » Il luy respondit avec protestation tout ce que la civilité sçait dire en ces rencontres, et l'affaire fut terminée.

Je rencontray nostre Mère lorsqu'elle sortit d'avec luy. Elle me dit que je n'avois plus à me tourmenter de rien

��1 . « Et beaucoup plus que cela ; mais cela ne fait rien à nostre discours. »

2. Le 4 juin. Voir l'extrait de la constitution de dot, p. /ii.

3. Ms. en

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