Page:Œuvres de Blaise Pascal, II.djvu/535

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
515
FRAGMENTS DU TRAITÉ DU VIDE DE PASCAL


Article II.


La conformité de tous les effets attribuez à l’horreur du Vide, étant telle que ce qui se dit de l’un s’entend de tous les autres, nous doit faire conclure avec certitude que, puisque le mercure suspendu varie ses hauteurs suivant les varietez des temps, il arrivera aussi de semblables varietez dans tous les autres, comme dans les hauteurs où les Pompes élevent l’eau, et qu’ainsy les Pompes élevent l’eau plus haut en un temps qu’en un autre ; qu’un soufflet bouché est plus difficile à ouvrir en un temps qu’en un autre, etc.

Que si l’on veut avoir le plaisir d’en faire l’épreuve en quelqu’un des autres exemples, nous en donnerons ici le moyen dans l’exemple du soufflet bouché en cette sorte.

Soit un soufflet plus étroit que les ordinaires, et dont les aîles n’ayent que trois pouces de Diametre. Qu’il soit bien bouché de toutes parts sans aucune ouverture. Soit l’une de ses aîles attachée à la poutre du plancher d’une chambre. Soit à l’autre aîle attachée une chaîne de fer à plusieurs chaînons qui pendent depuis le soufflet jusqu’à terre, et qui traînent mesme contre terre. Soit la chaîne de telle grosseur, et la distance des planchers haut et bas telle que les chaînons suspendus depuis le soufflet jusqu’à terre, sans compter ceux qui traînent, pèsent environ 120. livres.