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ŒUVRES

Voila, Monsieur, la vérité naïve pour ce qui me regarde. Et pour ce qui concerne Mr Perier, si vous aviez vu la lettre qu’il nous en a escrite, où il tesmoigne le déplaisir qu’il a eu en cette occasion, je m’asseure que vous plaindriez la violence qu’il a souffert, quand il s’est veu, d’une part, sollicité par la prière d’une personne qu’il honore et qu’il respecte comme vous ; et, de l’autre part, il s’est veu engagé à exécuter les ordres qui lui avoient esté donnés par une personne qui lui tient lieu d’un autre pere.

Apres cela, Monsieur, j’espère que vous n’imputerez qu’à la distance des lieux et à la difficulté de la communication, cette petite conjoncture, et il ne me reste qu’à vous conjurer de vouloir m’honorer de la continuation des sentimens avantageux que vous tesmoignez avoir pour moy et quoy que je n’aye rien en moy qui les mérite, j’en espère neantmoins la durée parce que je m’asseure bien plus sur vostre bonté, à qui je les dois, qu’à aucune qualité qui soit en moy ; car je suis également éloigné de les pouvoir mériter et de les pouvoir reconnoistre. Mais j’espère, Monsieur, que le mesme esprit qui vous fait veoir des vertus dans mes propres deffauts, vous fera remarquer l’extrême désir que j’ay de vous honorer toute ma vie dans ce foible tesmoignage que je vous en donne, en vous asseurant que je suis,

Monsieur,
Vostre très humble et très obéissant serviteur,
Pascal.