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RÉPONSE DE M. DE RIBEYRE A LA LETTRE
PRÉCÉDENTE

Monsieur,
Je vous advouë que ce ne fut pas sans quelque sorte d’estonnement que j’ouïs le Préambule qui fut fait par l’Ecolier qui m’avoit dédié ses Thèses sous la direction d’un Pere Iesuite, qui m’estoit jusqu’alors inconnu, et qu’il ne fut pas malaisé à ceux qui ont l’honneur de vous connoistre, de juger par son discours qu’il entendoit parler de vous, en désignant une personne qui, après avoir fait des experiences touchant le vuide en Normandie, les avoit encore faites en Auvergne. Mais expliquant benignement ce discours, auquel d’ailleurs je ne remarquay rien d’offensant, je le voulus attribuer à une émulation pardonnable entre les sçavans, plus tost qu’à aucun dessein qu’il eust d’invectiver contre vous. Il est vray, monsieur, que j’avois interest d’excuser cette faute, soit par l’honneur qui m’estoit fait par la dédicace de ces Theses, soit par celle que j’aurois commise en vostre endroit, si j’avois souffert qu’en ma présence on donnat quelqu’atteinte à la réputation d’un personne que j’ay sujet d’honorer par ses propres mérites, et par l’attachement d’une amitié que j’ay contractée avec le Pere et le fils depuis plusieurs années. Donc, pour esloigner de moy ce reproche, que vous auriez droit de me faire, si j’avois souffert qu’en cette occasion, où j’avois la plus grande part, puisqu’elle m’estoit dédiée, on vous eut fait la moindre injure, je vous puis asseurer, Monsieur, que, s’il y a eu quelque témérité